Errare wordpresum est

Petit erratum aux accents de mea culpa même si je trouve que c’est plus la faute de WordPress que la mienne !
Le lien contenu dans l’e-mail des inscrits au blog a cafouillé  pour l’article d’hier mais pas cette fois (enfin j’espère bien) le vrai article est juste en dessous…

 

Pour les intéressés (non utilisateurs de wordpress passez votre chemin…) ce fut une sombre histoire de date de publication qui se met par défaut à la date de création de la première ébauche d’un article au brouillon puis qui détermine l’URL directe de l’article et ça se modifie quand on change la date de publication mais bizarrement ou même « buguément » le lien de départ n’est pas automatiquement redirigé (dans le temps ça marchait pourtant).

Politiquement incorrect

Pour célébrer(?) mon retour(?) en « blogage », le printemps et le retour des chaleurs (vous comprendrez en lisant jusqu’au bout)

Voici un sujet sensible mais qui me tenait à cœur et était dans les tuyaux depuis des années déjà…

Les matières animales en parfumerie

(Tout d’abord merci à mes lecteurs et aux « followers » qui continuent à s’abonner encore ces derniers temps à un blog depuis si longtemps inactif, votre intérêt est un encouragement à recommencer à écrire ici.)

En préambule, je vais éliminer la question des muscs synthétiques comme remplacement.

Parmi les matières artificielles, ils sont particulièrement douteux sur le plan sanitaire, on en a connu (muscs nitrés) qui furent interdits, classés cancérigènes et perturbateurs endocriniens.
Une partie au moins de ceux qui restent utilisés font l’objet de débats car ils sont accusés d’être possiblement perturbateurs endocriniens, y compris comme polluants environnementaux (chez les poissons par exemple ça poserait des problèmes de développement) car ils sont très peu biodégradables et se dégradent éventuellement en molécules à effets œstrogéniques…

Donc pour moi ils sont particulièrement contre nature et l’idée même d’utiliser de l’artificiel pour donner un côté animal me semble absurde. Un animal artificiel on appelle ça un robot, ça n’a rien de sexy, rien de sensuel.

En plus au nez je trouve même souvent qu’ils sont l’une des premières choses non naturelles qu’on identifie et qu’ils ne donnent rien de désirable à un parfum bien au contraire, mais ça encore, ça vient peut-être de mon nez « chimiocritique ». ^^

 

Daman du Cap sur des rochers

Daman du Cap, généreux pourvoyeur de pierre d’Afrique ou ‘hyraceum », auquel on ne fait pas de mal… Crédit pour cette très belle photo : Nanosanchez

Ensuite, comme vous le savez, je suis toujours extrêmement diplomate (!) et je n’aime pas choquer (Ahahah) donc, voici le fond de ma pensée…

Mangez-vous de la viande, ne serait-ce que de temps en temps ?

Oui ?   Alors mille milliards de mille sabords, arrêtez de jouer les saintes ni-touches au sujet des matières animales en parfumerie !

(Et là nombre d’entre vous m’insultent mentalement -ou dans les commentaires, on verra bien 🙂 – me traitant, au minimum, de barbare sanguinaire insensible à la souffrance animale…)

Et pourtant non je ne suis pas une brute carnivore de base (encore que je considère que le monde n’étant pas peuplé de bisounours je doive bien préserver un peu de ma barbarie personnelle pour encaisser celle des autres et y résister…) non je n’aime pas tuer des animaux, surtout pas sans vraie raison et même pas accidentellement. (Une fois j’ai roulé sur une tortue que je n’avais pas vue derrière ma voiture, j’en ai été malade et j’ai fait 100km de détour pour l’apporter dans une ferme/clinique de tortues… :s)

Quand j’achète de la viande c’est chez le (petit) producteur elle est bio (les conditions d’élevage sont tout de même bien différentes et j’espère que l’abattage est également un peu plus respectueux de l’animal, même si sur ce dernier point des interrogations subsistent). De plus en plus souvent je la mange même avec une pensée pleine de gratitude pour l’animal, ça ne le ramènera pas mais c’est la moindre des choses.

Concernant le bio, certains diront que c’est une question de moyens financiers mais en fait à part dans les pays très pauvres, pour notre santé il semblerait qu’on en mange trop de la viande, donc rien n’empêche de manger de la viande bio deux ou trois fois par semaine au lieu de manger de la viande industrielle douteuse à tous les repas ou presque, ça peut même faire réaliser des économies et être bénéfique à la santé !

Même les insectes j’évite de les tuer sans raison (Bon, pour les accidents de fourmis en marchant dans l’herbe je présente mes sincères excuses au dieu des fourmis mais faut pas pousser non plus !).

Alors non,  on ne peut vraiment pas mettre ma large acceptation des matières animales en parfumerie sur le compte de mon insensibilité à la souffrance animale.

Mais alors pourquoi ?

Parce que tout d’abord, l’obtention de certaines de ces matières n’ont nécessité aucune perte animale contrairement à l’a priori de certain(e)s qui parlent ou écrivent sans savoir ni vérifier et mélangent tout, comme « ecovegan » où l’on peut lire que le cachalot est tué pour son ambre gris… alors que c’est une énormité !

C’est le cas de la « Pierre d’Afrique » ou Hyraceum, de l’ambre gris et de  la cire d’abeille, dont on tire une absolue, mais là ça ne fait pas trop débat même si le sujet des abeilles et de leur élevage serait un vaste sujet… On a évidemment pas besoin de leur faire du mal pour récupérer de la cire..

Daman du Cap dans la neige

Encore un daman, ils méritent bien cet hommage, eux qui ont les excréments si délicieusement parfumés ! 😀   Crédit photo : Chris_73

On ne tue ni ne torture ni les damans du Cap ni les cachalots, ce sont les déjections fossilisées des damans qui forment la pierre d’Afrique et des calculs intestinaux naturellement expulsés par le cachalot et « affinés » pendant leur voyage en mer  qui forment l’ambre gris (et d’ailleurs la matière fraîchement sortie du cachalot n’est pas vraiment de l’ambre gris digne de ce nom avant d’avoir flotté un certain temps en mer).

Ensuite parce que j’estime que si certains animaux sont tués pour leur viande ou leur fourrure, il n’est pas plus honteux d’en tuer pour leurs sécrétions odorantes, pas plus légitime certes, mais pas moins non plus. Et à ce propos, le castoréum, récupéré dans la glande d’un castor n’est pas LA cause de la mort de l’animal. Les castors sur lesquelles ces glandes sont récupérées sont apparemment tués pour leur viande et leur fourrure, voire même pour contrôler la prolifération de l’espèce jugée parfois envahissante, la glande à castoreum étant prélevée à cette occasion sur les animaux morts. Donc, pourquoi ne pas utiliser cette partie de l’animal ?

Par le passé évidemment il y avait le fameux daim (ou chevrotin) porte musc, dont on tirait LE musc.
On a pratiquement causé son extinction et à priori c’était bien essentiellement pour sa glande à musc.

Heureusement l’espèce est désormais protégée, donc j’en parle au passé parce qu’il n’est plus utilisé en parfumerie et c’est très bien comme ça. De toutes façons, j’ai beau l’avoir senti seul, je considère qu’entre les huiles essentielles d’agarwood (=oud) et d’ambrette et les différentes matières animales on arrive à reproduire l’illusion d’une grande majorité de ses facettes.

A ma connaissance, un seul animal souffre encore de nos jours des prélèvements faits pour la parfumerie, la civette.
Même si c’est loin d’être un chat comme certains essayent de le présenter (ça ressemblerait plus à un raton laveur assez agressif), comme tout animal il ne mérite pas de souffrir inutilement (reste à définir l’utilité d’ailleurs…)

La civette, sans parler du fait qu’elle aurait tendance à être élevée dans des conditions peu enviables, se voit régulièrement manipulée pour vider une poche situé près de son anus et qui produit la substance pâteuse odorante recherchée.

On ne tue pas l’animal mais si certains affirment que de nos jours les choses se sont améliorées dans l’élevage et la « récolte » de la pâte odorante, d’autres affirment toujours que les conditions d’élevage et de prélèvement sont abominables.

Il semblerait en tous cas qu’on puisse théoriquement produire la substance odorante sans brutaliser l’animal et sans l’élever comme des poules en batterie. Donc on pourrait probablement agir pour éviter sa souffrance sans renoncer à son odeur, en imposant des conditions de production respectueuses du bien-être des civettes, si les fournisseurs de matières premières le voulaient ils le pourraient.

En conclusion pour la civette, je ne suis pas totalement contre mais des questions subsistent quand à l’éventuelle souffrance des civettes à parfum qui font que ce n’est pas une matière que je privilégie dans mes compositions. (En matière d’arôme et de civette vous pouvez également lire un article du point mais il semblerait que les civettes ne soient pas les mêmes dans les deux cas.)

Soit dit en passant, j’ai beau respecter les animaux, j’aimerais voir la même indignation que celle des défenseurs acharnés de la cause animale face aux massacres inter-humains !   Regardez en ce moment la Syrie et sa population obligée de fuir sous peine de se faire massacrer par la dictature sanglante ou des fous de dieu qui sont surtout des barbares sanguinaires plus psychopathes et criminels que spirituels !   Mais ce n’est qu’une des nombreuses manifestations de la persistance moderne de la cruauté et de la barbarie humaine cachée sous le vernis de tant d’individus…

Pour conclure ce tour d’horizon citons encore quatre matières végétales à facettes animales (il y en a d’autre de mon point de vue mais pas le temps d’en faire le tour complet),

le Oud (ou bois d’agar et en anglais agarwood ) et son côté parfois très très bouc, voire roquefort alors que c’est tiré d’un arbre !

L’ambrette et l’angélique, deux plantes déjà traitées dans ce blog, dont on tire des extraits musqués plus « propres » et fruités, limite lessiviels, permettant par exemple de retrouver le côté musqué (je serai tenté d’écrire « vibrant ») de la mûre.

Et finalement le labdanum, sorte de cire de ciste, qui sent pour moi la garrigue avec un côté romarin mais également le cuir.

Damans

Allez deux damans de plus car on a gentiment accepté que je les publie alors qu’ils n’étaient pas encore sous licence libre, visitez leur blog sympa sur les oiseaux ! Crédit photo : Steve Gantier

 

Enfin, venons-en au pourquoi du pourquoi il est indispensable d’utiliser des matières animales en parfumerie !

Parce que :

* Roulement de tambour *

C’est animal, comme nous !

C’est bestial, c’est charnel et même j’ose écrire comme je suis loin d’être le seul à le penser… aphrodisiaque. (si si !)

Puis enfin il suffit d’être un peu attentif pour savoir qu’une grande partie des fleurs ont dans leur parfum une part de cette bestialité plus ou moins fécale (Si si [bis] !)

Et puis allez ! Moi qui ne donne jamais de recette et n’ai presque pas plus parlé de formulation jusqu’ici, à part entre les lignes, coup de folie,

essayez ça si vous n’êtes pas convaincu :

Faisons une rose, très simple et toute basique, dans sa version naturelle la plus classique :

Prenez un bon géranium rosat (bon = pas trop « râpeux », bien rose, bien rond, sans trop d’isomenthone à la chromatographie…)

Puis une huile essentielle ou une absolue si vous préférez, de Rose de Damas ou de mai.

Bon, je parle de mémoire et sans notes alors il faudra peut-être adapter les proportions mais l’idée sera la suivante :

Géranium : 1mL (ou 1g, ou 25 gouttes faites ce qui vous arrange on ne va pas chipoter)

Rose : 0,5mL (en g ou gouttes vous saurez faire je pense, la moitié du géranium…)

Diluez ça dans 10mL ou 8g d’alcool à 90° ou 96°, ou 70 au pire, mais non dénat/modifié.

Puis mettez en un peu sur quelque chose qui traîne dans le coin, mouillette, avant bras, etc.

* Sentez *

Bof, en principe ça sentira la rose vite faite, pas de quoi fouetter un chat ou mouiller la culotte… (ni le contraire)

Puis… mine de rien, ajoutez :

Hyraceum (Pierre d’Afrique) en absolue, à 10% : 1 goutte une seule (montez à 2 ou 3 ensuite si ça vous plaît mais bon…)

* Sentez *

Les jeunes écriraient là , « OMFG »…

Mais je ne traduirai pas, demandez à vos (petits ?) enfants !

Les gens respectables (et moins jeunes) diront « mais mince alors ! »

Parce que là oui, tout d’abord ça semble deux fois plus parfumé mais surtout c’est plus complexe, plus voluptueux et … ça sent plus la rose !

Puis… si aucune grand-mère de votre entourage ne se parfume outrageusement à la rose, en sentant un tel parfum vous aurez peut-être même des pensées impures… mais tellement douces !

Voilà pourquoi les matières premières animales si décriées sont VRAIMENT indispensables !

Autres articles suggérés  (le second ne se limite pas aux matières animales mais est intéressant également) :

http://www.auparfum.com/matieres-animales-mythes-verites

http://terrain.revues.org/4257

Time is…

Il y aurait beaucoup à dire sur le temps qui passe, souvent trop vite à mon goût.

Justement en ce moment je manque terriblement de temps pour mes parfums et mes lecteurs mais je voulais tout de même montrer que je ne vous oublie pas.

Alors voici cette photo pour les (nombreux et nombreuses) amateurs et amatrices de Guerlain, celui d’antan surtout, ou simplement pour les amateurs de vieux flacons, de vrais flacons…

Photo d'un ancien flacon de Shalimar

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